La danse du soleil.

 

C'est le rite est le plus sacré et le plus secret de la religion des Indiens des plaines, c'est le plus barbare aussi puisque le danseur doit se libérer par des tractions, de broches qui lui transpercent la chair de la poitrine ou du dos et qui le  relient à un mât par des liens de cuir. Comme il s'agit d'une souffrance librement consentie et offerte à Wakan Tanka, cet aspect présente aux yeux des Indiens des similitudes avec la crucifixion chrétienne, ce qui a facilité les conversions sincères ou de façade, même si dans la majorité des cas, les indiens conservaient  en secret leur religion traditionnelle.

Les principales motivations pour effectuer une danse du soleil sont d' accomplir un vœu, d'obtenir une aide surnaturelle pour soi- même ou pour autrui,d' obtenir un pouvoir surnaturel (être chamane). Il semble que la motivation la plus fréquente soit de tuer un ennemi au combat ou de réussir une bonne chasse. Une autre motivation pouvait être de séduire une jeune fille par le statut social et le prestige nés de la participation à une danse du soleil, cette dernière motivation est cependant plus controversée.

La danse du soleil comporte quatre degrés: danser en regardant le soleil, danser avec un ou des crânes de bisons suspendus dans le dos, danser en étant accroché au mât, danser en étant suspendu au mât, cette forme ultime permet d'accéder à la fonction de chaman.

Les détails du déroulement de la danse varient selon les époques et les organisateurs, car la tradition indienne est purement orale, mais le principe de base reste le même, il s'agit de maîtriser sa douleur et de l'offrir à Wakan Tanka.

La décision de participer à la danse du soleil est lourde de conséquences pour l'intéressé. Il lui faut pouvoir offrir les festins et les cadeaux nécessaires à ce type de cérémonie collective. La famille du danseur devait participer car les ressources d'un seul homme n'y suffisaient pas.

Le postulant, c'est à dire le quêteur, devait se trouver un maître pour lui apprendre les règles et traditions régissant le comportement d'un homme ayant effectué une danse du soleil et les connaissances permettant de rentrer en contact avec les forces surnaturelles. Cette formation durait en principe une année pour le postulant chaman, quelques jours seulement dans le cas de la danse de premier niveau. Le maître, pressenti, recevait une pipe du postulant, s'il la fumait,  il acceptait le rôle de formateur et il se faisait rétribuer pour son enseignement.

Le candidat devait adopter un genre de vie particulier durant sa période de préparation.

Un autel, présentant un crâne de bison, était construit dans sa tente, ce qui lui permettait d'honorer les esprits, il devait s'abstenir de relations sexuelles, de chasser certains animaux, un lit était dressé devant sa tente et il devait y passer le plus clair de son temps.

Voici le déroulement type d'une danse: Elle était annuelle à la fin du printemps lors de solstice d'été.

Quatre jours de préparation étaient nécessaires dans un camp temporaire, avec un festin des langues de bison le dernier jour. Les candidats se préparaient par le jeun et la cérémonie de l'inipi.

Quatre jours de danse proprement dite dans un camp cérémoniel différent du précédent.

 

Le premier jour:

C'est celui de la désignation officielle de l'intercesseur qui est le chef de la cérémonie,

  c’est celui de la danse en fixant le soleil, effectuée par des hommes soufflant dans des sifflets en os de l'aile de l'aigle, et

de la danse du bison mâle.

 

Le deuxième jour, c'est:

l'érection du mât sacré. Il s'agit d'un tronc de peuplier de Virginie (cotton wood), choisi par les hommes sacrées et attaqué par tous les guerriers présents comme s'il était un ennemi, chacun voulant être le premier à l'atteindre il y avait souvent des blessés, voire des morts. L'arbre est abattu par les femmes et ramené en cortège dans le camp, sans qu’il ne touche le sol.

 

Le troisième jour est marqué par des débordement sexuels et se termine par le festin des chamans. Les anciens transmettent leur force aux plus jeunes par l’intermédiaire des femmes.

 

Le quatrième jour est celui du percement des oreilles des enfants et du percement des danseurs qui jeûnent completement depuis 3 jours.

Voici une peinture d’après une danse du soleil observée par le peintre vers 1830. Les quêteurs doivent se libérer tout seul mais pas trop vite. Si la libération est impossible, il faut danser toute la journée tandis que les femmes chantent, la faute impardonnable est l'évanouissement. Si il sent qu'il ne pourra se libérer seul, le danseur peut se faire aider par sa famille ou un ami, mais il doit offrir un cheval pour en avoir le droit.

Les pleurs que versent l'intercesseur et les candidats au cours de la danse sont destinées à demander la mort d'un ennemi au combat.

Le percement est effectué plus ou moins profondément en fonction de l'objectif visé par le danseur, pour les danseurs ordinaires, si l'on peut dire, le percement de la peau suffit. Le postulant chaman quant à lui, doit être suspendu, il faut donc passer profondément les broches dans les muscles de la poitrine.

  

Voici des peintures dignes de foi montrant différentes sortes de percements

De nombreuses variantes étaient autorisées.Voici un guerrier qui traîne un ou peut-être deux crânes de bisons accrochés à son dos

Une autre forme de la danse du soleil est l'offrande de 10 à 100 morceaux de chair extraits des bras avec un poinçon et un couteau. Les parents et les femmes pouvaient suppléer le postulant dans ce type d'offrande.

Sitting Bull a pratiqué de la sorte lors de la danse du soleil qu’il effectua dans le campement  sur les bords de la rivière Little Bighorn, le 14 juin 1876, pour demander la victoire pour son peuple, pourchassé par la cavalerie américaine.

Il s’est d’abord fait découper 50 morceaux de chair sur chaque bras, par son frère adoptif Jumping Bill, et a dansé face au soleil un jour et demi et une nuit. Notez que trop affaibli, il n'a pas pu participer au combat du Little Bighorn. Mais à l’issue de cette épreuve, il avait déclaré avoir reçu une  vision prouvant la bienveillance de Wakan Tanka à son égard. Il affirma avoir vu des soldats et quelques indiens avec leurs montures qui arrivaient comme un vol de sauterelles, la tête en bas, perdant leurs casquettes, ils s'abattaient juste sur le camp, tandis qu' une voix céleste lui disait: je te les laisse car ils n'ont pas d'oreilles. Bien entendu, pour tous les indiens, cette vision annonçait la victoire du Little Bighorn qui eu lieu les 25 et 26 juin.

 

Dans la danse du soleil, l'indien considérait qu'il offrait à Wakan Tanka ce qui était le plus puissamment ancré dans sa nature et son mode de vie, à savoir sa capacité à supporter la souffrance physique. Il offrait cette capacité en accomplissement d'un vœu prononcé lors d'une période de grande anxiété, en particulier lorsqu'il se trouvait sur le sentier de la guerre. Cet élément de souffrance qui ennoblissait la cérémonie dans l'esprit de l'indien, fut la raison pour laquelle les blancs se méprirent totalement sur son compte et la rejetèrent. Ils ne voyaient que la souffrance volontaire sans en comprendre la signification profonde.

La danse du soleil fut bannie de 1883 à 1934 et les percements furent officiellement interdits jusqu' en 1952 pourtant ils continuèrent plus ou moins ouvertement

ainsi que le montre cette photographie prise en 1929 dans une réserve sioux. Ils reprirent en 1960 et sont toujours pratiqués de nos jours en secret pour certaines danses réservées aux indiens, au grand jour lors de cérémonies destinées aux touristes qui doivent payer pour assister à l’événement.